Les TRUANTES
Une création de Solène Schnüriger et Pauline Oreins
avec les musiques d'Eliott Delafosse
« Les TRUANTES » est un duo performatif mêlant la musique électronique, acoustique, la danse et la performance.
A travers la figure de la Bouffonne - pas sur sa connotation négative mais sur sa puissance et son pouvoir de faire rire - , Les TRUANTES questionnent et explorent les représentations de la féminité et ses jeux, les codes du monde de l’Art et ses entraves, afin de gagner en liberté et créer des espaces intérieurs plus vastes.
Une exploration par la déformation, l’absurde et le décalage.
A propos
Le titre du projet « LesTruantes » , vient du mot anglais Truant désignant un élève qui s’absente de l’école sans autorisation.
Il n’est pourtant pas là simplement question de faire l’école buissonière.
En effet, passer par une formation académique donne certes de solides outils techniques et théoriques - ce qui est loin d'être négligeable - mais il est important d’être en mesure d’interroger nos capacités et de décider de les amener ailleurs. En somme, d’ouvrir nos moyens d’expressions par une prise de liberté. Ces nouveaux espaces se découvrent souvent en marge des cadres, cadres dont il est parfois bon de s’extraire pour laisser émerger d’autres choses.
Au cours de la scolarité, entre les attentes, les pressions et les projections, le lien au corps et à l’instrument de musique peut se fragiliser, devenir incompréhensible, opaque. C’est de cette perte de sens que notre travail est né : comment se reconnecter au désir, au plaisir, et créer avec le corps et l’instrument un lien expressif intime et juste ?
L’humour et l’absurde sont de belles manières de prendre du recul avec une réalité devenue trop oppressante. Et la figure du Bouffon , c’est l’endroit par excellence où tout est possible, où les décalages sont rois, où les codes de la bienséance et de la bien-pensance se relâchent. C’est un personnage comique, c’est celui qui imite, qui joue la folie, et qui se donne la liberté d’utiliser l’insolence et la provocation.
Ce grand perturbateur universel, à mi chemin entre l’évacuation et la célébration du chaos dans l'ordre établi, peut nous sauver du vertige.
Au cours de l’histoire, peu de femmes bouffonnes : leur rôle n’est pas de faire rire les foules ni de se présenter comme un sujet déformé et dérangeant, mais d’être un bel objet de désir et de fantasmes.
Le mot « Bouffonne » est un mot très souvent connoté négativement. Il est, de nos jours, utilisé comme une insulte, pour nommer une personne sans intérêt, niaise, ridicule ou inculte.
Ce mot déplaisant ou même pathétique, nous l’avons pris comme un symbole de force.
Nous sommes parties à la recherche de notre propre Bouffonne, en imaginant une créature déformée, bossue, maligne et crapahuteuse.
Parmi nos sources d'inspiration, l'une des plus notables est le ballet triadique d’Oscar Schlemmer: l’abstraction géométrique du corps humain et les formes infinies de costumes.
Comment prendre au sérieux une Bouffonne qui vous fait de l’œil et roule des hanches avec sensualité? Quelque chose cloche, cela n'est pas dans l’ordre des choses.
Les TRUANTES s’assument disgracieuses et puissantes, jouent et se jouent des performances de la féminité en les faisant vriller et déraper, allégeant ainsi le poids de toutes ces injonctions entravantes et violentes.
Elles sont grotesques, décalées, bruyantes, pochtronnes, mal élevées et aussi virtuoses, contrôlées, talentueuses et bien moulées.